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"Une vie à elle"
6 septembre 2014

Trouver le sommeil

Avec le premier jour (sur deux !) d’adaptation en crèche cet après-midi, nous sommes à l’orée de grands changement. Je reviendrai plus tard sur l’adaptation et l’expérience de la crèche ; je me concentre aujourd’hui sur un problème en particulier. Nous avons fait des tests : bébé accepte le biberon, comme cela a toujours été le cas d’ailleurs, et ne semble plus faire de coliques après. Reste un grand défi à relever : qu’il trouve le sommeil.

 

Jusqu’à présent en effet, il s’est toujours endormi au sein (avec moi) ou dans la poussette (avec son père). Et quelques rares fois, au son de ma voix, lors de trajets en voiture : l’action combinée du moteur et de mes comptines a déjà eu raison de ses pleurs.

 

Tête catastrophée de la puéricultrice tout à l’heure quand nous lui avons expliqué cet état de fait : « à la crèche il n’y aura pas le sein ». Certes.

 

Pour ma part, j’étais plutôt partisane d’une option qui consistait à laisser les choses se faire à la crèche. Et aussi, je dois bien le reconnaître : leur laisser le sale boulot. À mon sens, mon fils saura s’adapter, pourvu que nous ne soyons pas là : il comprendra que le fonctionnement de la crèche n’est pas celui de la maison, et prendra d’autres habitudes. Dans les larmes, cela va sans dire…

 

Mais pour élever un enfant, on est deux, et Néo Papa voit les choses différemment. Hier soir déjà, il voulait que nous posions bébé dans son berceau et qu’il s’y endorme seul, pour le préparer à ce qui l’attend à la crèche. Je n’ai pas pu : au bout de dix minutes de pleurs de plus en plus intenses qui m’ont été une torture, je l’ai repris. Néo Papa m’a laissée faire, mais sans approuver ma réaction.

 

Ce soir, il a de nouveau déposé bébé dans son berceau pour qu’il s’y endorme. Son argument était : « Je veux qu’il voit que c’est possible au moins une fois avec nous avant d’avoir à le faire sans nous ». C’est une logique que je comprends, même si à nouveau, mon cœur était en miettes : bébé a au moins notre présence pour se rassurer.

 

J’ai donc laissé faire mon mari (espérant qu’il céderait si les pleurs devenaient trop forts !). Au début, bébé protestait mais sans trop d’intensité ; j’étais plutôt surprise. Et puis les pleurs sont lentement allés crescendo, jusqu’au moment où je n’ai plus pu supporter d’être loin de lui. En ma présence, il a pleuré encore plus fort, ne comprenant sans doute pas pourquoi je ne le prenais pas dans les bras. Mon mari m’a laissée seule avec bébé – et ma conscience !

 

Que faire ? Si je m’étais écoutée, je l’aurais repris dans les bras sans hésiter. Mais dans ce cas le différend parental planait, et je pense aussi qu’il n’est pas de l’intérêt de l’enfant que les parents se mettent à parlementer autour de son berceau – quasi au sens propre en l’occurrence. Et puis je pensais devoir donner une chance au point de vue de mon mari. Alors je me suis dit que plutôt que de rester plantée comme un santon à regarder mon bébé brailler, j’allais lui expliquer.

 

J’ai commencé à lui dire, la main posée sur lui et le visage penché sur le berceau, qu’il était un grand garçon maintenant, qu’il allait à la crèche, et qu’il allait dormir dans son lit, mais que je resterai juste à côté. Qu’il pouvait s’endormir en confiance, qu’il était en sécurité, que je le protégeai et que je ne bougerai pas. Qu’il avait besoin de dormir, que cela lui ferait du bien, et que je le veillais. Cela en boucle, d’un ton égal et assez monocorde, et sans m’interrompre. J’ai eu la surprise de le voir s’arrêter de pleurer au bout de quelques minutes. Puis ses pleurs ont repris, forts ; mais j’ai continué. Quelques minutes plus tard, il se frottait les yeux, puis commençait à battre des cils. En moins d’un quart d’heure, il s’est endormi.

 

Cela fait trois quarts d’heures maintenant qu’il dort ; je tiens parole et reste auprès de lui.

 

Certes, il n’aura pas ma voix à la crèche. Mais enfin, c’est déjà une étape.

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Commentaires
C
Je rattrape plusieurs billets d'un coup, bravo pour ce très beau partage d'expérience !<br /> <br /> Un ouvrage m'a grandement aidé sur la question des pleurs du nourrissons et de l'enfant, celui d'Aletha Solter, "Pleurs et colères des enfants et des bébés", tu pourras trouver les références ici : http://www.awareparenting.com/pleurs.htm<br /> <br /> En gros : un enfant a parfois besoin de pleurer pour évacuer ses émotions (au-delà des basiques faim/douleur/couche, etc.) et il a besoin que ces pleurs soient accueillis.<br /> <br /> Cela passe par ne pas laisser pleurer l'enfant seul mais l'accompagner comme tu l'as fait, par des gestes et des paroles rassurantes, en acceptant ce besoin de pleurs (pas facile !) <br /> <br /> Nous l'appliquons encore avec Nina à diverses occasions et on ressent son soulagement au simple fait qu'on accepte son besoin de pleurer.<br /> <br /> (Quant au "laisser pleurer seul" je te rejoins complètement, c'est de la barbarie typiquement française, le seul "apprentissage" dont ont m'a parlé et qui me semble plus humain est celui que nous avons mis en place pour le sevrage de nuit, ça passe par un "laisser l'enfant trouver son sommeil" graduellement de 1 minute à 5 minutes seul, on est loin du "5 / 10 / 15" que je trouve personnellement terrible et inutile sur le long terme.)
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