Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
"Une vie à elle"
21 juillet 2015

Dormir sin lágrimas, de Rosa Jové

 

Réf : Rosa Jové, Dormir sin lágrimas. Dejarle llorar no es la solución, La esfera de los libros, Madrid, 2006, 265 p.

(Attention, billet interminable !!) 

 

Ma lecture partait bien : livre recommandé par mon amie Is. ; auteure portant le prénom de ma grand-mère ; livre en espagnol, ce qui ajoutait un petit côté stimulant à la lecture. Je n’ai pas été déçue du voyage ; le seul problème avec ce livre, c’est qu’il n’est pas traduit en français, et c’est un manque ! Comme il expose des théories qu’il est à mon sens nécessaire de rendre plus accessibles, je me sens le devoir d’aider à le faire connaître. Je vous propose donc une « visite guidée » dans les passages qui m’ont le plus marquée.

Précisons tout de même deux choses. D’abord, je n’ai pas la prétention de résumer de façon représentative le contenu du livre ; je m’arrête sur les passages qui m’ont le plus marquée, sans plus d’ambition. Ensuite, je ne suis pas hispaniste, et mon espagnol est tout à fait sommaire. Je vais me lancer dans un exercice de traduction, qui sera forcément imparfait, parce que je ne suis pas vraiment compétente pour le faire, et que par ailleurs je n’ai qu’un temps limité à y consacrer. Mais je me dis que ce sera toujours mieux que rien. Par souci de transparence, je donne la version originale pour tous les passages cités. Que les hispanophones qui passeront pas là n’hésitent pas à me signaler les erreurs qu’ils repéreront !

 

Une première remarque avant de me lancer dans le parcours du texte : ce livre est particulièrement référencé. J’ai lu un certain nombre de livres de puériculture, et c’est la première fois que je vois autant de notes de bas de page, renvoyant à autant de rapport d’études scientifiques. Il est fondé sur des études récentes : un coup d’œil rapide à la bibliographie permet de se rendre compte que de nombreuses références (plus de la moitié, à vue de nez) datent de 2000 ou après, sachant que le livre est paru en 2006.

 

Le livre se divise en trois grandes parties : Information, évaluation, intervention. La deuxième est subdivisée en deux parties (Comment savoir s’il y a un problème ; Les troubles du sommeil), et la dernière aussi (Ce qu’il ne faut pas faire ; que pouvons-nous faire). Ce plan vous donne en gros une idée de ce que l’on peut y trouver. Je ne m’arrête pas sur la partie « information », qui décrit le sommeil et ses phases selon l’âge de l’enfant. Elle est très importante pour que les parents puissent adopter un comportement adéquat, mais ce n’est pas là qu’apparaît la thèse du livre, et ce qui en fait l’originalité.

 

Pour résumer la philosophie générale de cet ouvrage, je commencerai sur cette citation, qui pose le décor : « Que peut-on faire ? En principe il faudrait vous répondre RIEN, parce que le sommeil est un processus évolutif et que notre enfant, un jour ou l’autre, dormira comme un ange et ne gardera de séquelles ni physiques ni mentales ».

« ¿ Que se puede hacer ? En principio debería contestarle que NADA, porque el sueño es un proceso evolutivo y su hijo, un día u otro dormirá come un angelito y no le quedarán secuelas ni físicas ni mentales » (p. 219).

 

Je vais articuler la suite de mon parcours autour de grandes idées, pour faciliter la lecture.

 

1. Les réveils nocturnes sont, sauf exception, la norme.

 

L’enjeu est en gros de lutter contre l’impression qu’ont de nombreux parents que leur enfant a un problème, alors que ses comportements sont normaux (l’auteure consacre toute une partie du livre à donner des critères pour déceler les véritables pathologies du sommeil). Ainsi, elle écrit, pour déculpabiliser les parents des enfants de 7 mois à 2 ans : « Les réveils continuent à être la dynamique habituelle. Habituelle ? Certains se demanderont c'est vraiment le cas étant donné les fausses idées qui circulent, selon lesquelles les enfants à partir de je ne sais quel petit nombre de mois dorment déjà d’une seule traite. Eh bien oui, d’habitude les enfants de cet âge se réveillent encore la nuit. »

« Los despertares siguen siendo la tónica habitual. ¿Habitual ? Alguno de ustedes se preguntará si esto es así dadas las falsas ideas que corren por ahí de que los niños a partir de no sé qué pocos meses ya duermen de un tirón. Pues sí, habitual es que a estas edades los niños aún se despierten por la noche. » (p. 59-60)

 

Et elle précise, chiffres à l’appui : « Savez-vous combien d’enfants de 7 mois sont capables de dormir 10 à 12 heures d’une traite sans interruption ? À peine 10 à 15 % si nous considérons la littérature sur ce thème. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas des enfants qui en soient capables, mais ce n’est ni le plus fréquent ni la norme ».

« ¿ Saben cuántos niños de 7 meses son capaces de dormir 10 y 12 horas de un tirón sin interrupciones ? Pues apenas un 10 o un 15 % si revisamos parte de la literatura sobre el tema. Ello no quiere decir que no haya niños que sean capaces de hacerlo, pero no es lo mas frecuente ni normal ». (p. 176).

 

D’où cette conclusion : « Ces fausses attentes poussent les parents à croire que leur enfant a un grave problème et que s’il ne se règle pas il développera dans le futur à une pathologie encore plus grave. C’est faux. Le sommeil est un processus évolutif et tout enfant sain dormira parfaitement un jour, si on ne perturbe pas cette évolution naturelle ».

« Estas falsas expectativas obliga a los padres a creer que su hijo tiene un grave problema y que si no se soluciona desarrollará en el futuro alguna patología más grave. Esto es falso. […] el sueño es evolutivo y todo niño sano dormirá perfectamente algún día, si no se altera esa evolución natural ». (p. 177).

 

2. Les méthodes de pleurs contrôlés :

 

Ces méthodes se situent à l’opposé de ce que prône Rosa Jové : on a compris que selon elle, le réveil nocturne fait partie du sommeil de l’enfant, et que sa disparition ne devrait être liée qu’à la maturation de l’enfant. Toute intervention est vue comme dangereuse, et méthodes de pleurs contrôlés sont démontées, non sans ironie parfois mordante. Elle décrit ces méthodes comme cruelles (vous verrez qu’elle emploie le mot).

 

D’abord, elle assimile ces méthodes à un conditionnement. « Tapy, qui m’a introduit à l’université aux principes de base de l’apprentissage, expliquait qu’il y a quatre paradigmes élémentaires du conditionnement : le conditionnement par la récompense, l’entrainement instrumental de fuite-éviction, l’entrainement par omission et le châtiment. Alors que les deux premiers servent à augmenter une réponse, les deux derniers servent à la diminuer. Comme nous parlons de diminuer une conduite nous allons voir ces deux derniers de plus près, même si je vous indique déjà que toutes deux sont de type punitif ».

« Tapy, con el que me introduje en la universidad en los principios básicos del aprendizaje, explicaba que los paradigmas básicos de condicionamiento son cuarto : el condicionamiento de recompensa, el entrenamiento instrumental de escape-evitación, el entrenamiento de omisión y el castigo. Mientras que los dos primeros serían para aumentar una respuesta, los dos últimos son para disminuirla. Como estamos hablando de disminuir una conducta vamos a ver estos dos últimos más cerca, aunque ya les avanzamos que, ambos, son de tipo punitivo » (p. 164-165).

 

Les méthodes de pleurs contrôlés ne sont-elles pas plus douces que le fait de laisser pleurer ? Voici l’opinion de l’auteure : « Au départ il ne s’agissait que de cela : on les laissait pleurer et c’était bon. Mais petit à petit (et pour donner une nuance plus scientifique à cette torture) on l’a structurée davantage, laissant les enfants pleurer selon une table temporelle. »

Al principio se trataba sólo de eso : los dejabas llorar y ya está. Pero poco a poco (y para darle un matiz mas científico a esta tortura) lo estructuraron más, dejándoles llorar según una tabla de tiempo » (p. 166).

Autre passage allant dans le même sens : « Il y a eu des études qui n’ont pas trouvé de différence entre laisser pleurer les enfants seuls ou selon une table. Les différences apparaissent en fonction de l’âge : plus ils sont petits, plus le choc émotionnel est grand, d’où il résulte une plus grande efficacité ».

« Hay estudios en los que no se ha encontrado diferencias entre dejar llorar a los niños solos o según una tabla. Las diferencias aparecen en función de la edad ; cuanto más pequeños, mayor shock emocional, por lo que resultan más eficaces » (p. 175).

 

Le doudou, censé adoucir la difficulté, ne trouve pas davantage grâce à ses yeux (et là, le livre rejoint ce qui avait été mon intuition) : « Alors qu’on ne connaît pas d’exemple d’adulte sain qui ait besoin de la présence de ses parents pour s’endormir, j’en connais quelques uns qui ont besoin de dormir avec un objet transitionnel ».

« […] cuando no se conoce ningún adulto sano que necesite la compañía de sus padres para conciliar el sueño, pero me constan algunos que sí deben dormir con algún objeto sustitutorio » (p. 59).

 

La raison de son opposition est le refus de provoquer dans l’enfant ce qu’elle appelle le « choc émotionnel ». Voici comment elle le définit : « En principe notre corps doit se préparer au pire (s’échapper ou se battre), c’est pourquoi l’amygdale (une partie de notre cerveau émotionnel) envoie des messages pour que s’active tout un système hormonal dirigé par l’adrénaline, ou d’autres cathécolamines, qui provoquent une activation générale. Tout ce flux chimique et hormonal inonde violemment le cerveau, en ciblant directement l’amygdale, qui reste bloquée. Les enfants qui pleurent et ne sont pas pris en charge rapidement peuvent pleurer désespérément jusqu’à ce que l’amygdale soit paralysée. Comme il se trouve que la nature est savante, et sait que le corps ne résistera pas longtemps à une telle situation ; elle a l’habitude de compenser avec la sécrétion de substances de type opiacé, qui provoque une baisse de tout ce système d’alarme. C’est l’essence des méthodes pour dormir. Mais ne vous y trompez pas : il n’a pas appris à dormir, il est seulement « autodrogué ». »

« En principio, nuestro cuerpo se debe preparar para lo peor (escapar o pelear), para ello la amígdala (una parte de nuestro cerebro emocional) envía mensajes para que se active todo un sistema hormonal capitaneado por la adrenalina y otras catecolaminas, que van a provocar una activación general. […] Todo este flujo químico y hormonal inunda violentamente el cerebro, apuntando directamente a la amígdala, que queda colapsada. Los niños que lloran y no son atendidos pronto pueden llorar desesperadamente hasta que la amígdala se colapsa. Como sea que la naturaleza es sabia y sabe que el cuerpo no resistiría mucho tiempo en una situación como ésta, suele compensarlo con la secreción de sustancias de carácter opiáceo, endorfinas, serotonina…, que provocan un bajada de todo este sistema de alarma en el sujeto. […] Eso es la escancia de los métodos para dormir. Pero no se engañe : no ha aprendido a dormir, solamente está « autodrogado ». » (p. 194-195).

 

On voit apparaître toutes conséquences de ce choc. Elle parle notamment du vomissement, ce qui m’a interpellée puisque c’est arrivé à mon fils : « Si quelqu’un vous a dit que les enfants vomissent seulement pour attirer l’attention, on vous a induit en erreur. En état de choc, avec des niveaux élevés de cortisol, le vomissement se produit facilement. Vous aurez observé plus d’une fois dans des films que, devant une scène d’un fort impact, le personnage doit sortir pour vomir ».

« Si alguien les había dicho que los niños sólo vomitaban porque querían llamar la atención, les engañaron. En estado de shock, con los niveles alterados de cortisol, se produce con facilidad el vómito. Ustedes lo habrán observado más de un a vez en películas en que, ante una escena impactante, el personaje debe salir afuera a vomitar » (p. 198).

 

Ensuite vient la description de toutes les conséquences de plus long terme : « Le « succès » dépend de variables comme l’âge de l’enfant, son tempérament et la durée d’application de la méthode (il y a des enfants qui ont eu à pleurer seuls plus d’un mois avant qu’on constate des effets sur leur sommeil. Étonnamment, les effets sur la santé mentale se constatent plus tôt) ».

« El « éxito » depende de variables como la edad del niño, su temperamento y el tiempo de aplicación  del método (hay niños que han tenido que llorar solos más de un mes para notar algunos efectos  en el dormir. Lo curioso es que en la salud mental los efectos se notan antes). » (p. 174 ; des exemples sont donnés plus loin).

 Et un peu plus loin : « Cette hyper-réponse peut provoquer une panique excessive devant des faits précis. Les plus fréquentes que vous rencontrons en consultation du sommeil sont la peur ou l’inquiétude au moment d’aller dormir (surtout chez des enfants plus grands ou auxquels, il y a déjà longtemps, on a appliqué cette méthode). Mais aussi la peur d’autres choses. Ainsi, des mères décrivent leurs enfants comme excessivement en retrait socialement ou effrayés devant les situations plus quotidiennes ».

« Esta híper respuesta le puede provocar pánico excesivo ante determinados hechos. Los más frecuentes que nos encontramos en las consultas del sueño son el miedo o la intranquilidad al irse a dormir (sobre todo en niños mayores o en aquellos a los que, ya hace tiempo, se le aplicó un método). Pero también miedo a otras cosas. En este sentido, hay madres que describen a sus hijos como excesivamente retraídos socialmente o miedosos ante las situaciones más cotidianas ». (p. 202).

 

Elle traite les conséquences de ces méthodes comme des traumatismes : « La possibilité du traumatisme chez un individu est plus grande quand c’est un autre individu qui le provoque. Chez les enfants, qui plus est, s’ajoute une autre cruelle réalité : ce sont les personnes mêmes qui sont supposées les consolées qui provoquent les larmes. Comment comprendre ce fait ?

La difficulté de discerner à quel point un enfant est perturbé par ces méthodes vient en partie du fait que beaucoup des conduites que les enfants acquièrent sont valorisées par les parents comme les meilleures (des enfants qui par effet d’une dépression dorment plus, dérangent moins, etc.), et aussi du fait que d’autres ne se manifestent pas avant l’âge adulte ».

« La posibilidad de trauma en un individuo es mayor cunado es otro individuo el que se lo provoca. En los niños, además, tiene otra cruda realidad, pues son las mismas figuras que se suponen que deben consolarles las que les provocan el llanto. ¿ Comó entender eso ?

Parte de la dificultad para discernir hasta qué punto un niño queda alterado por estos métodos es que muchas de las conductas que adquieren los niños son valoradas por los padres como mejoras (niños que con depresión se vuelven más dormilones, molestan menos, etc.) y otras no se manifiestan hasta la edad adulta. » (p. 207).

 

Ce passage, un peu latéral par rapport au problème, m’a tout de même paru intéressant : Rosa Jové explique, d’un point de vue strictement psychologique, pourquoi les parents peuvent ne pas percevoir les souffrances qu’ils imposent à leur enfant : « Selon Barudy, le fait que chaque adulte garde son enfance en mémoire devrait lui permettre d’avoir l’empathie nécessaire pour s’identifier à l’enfant et à ses besoins. Mais, pour différentes raisons, les adultes oublient rapidement qu’un enfant à des besoins spécifiques. Parmi ces raisons on remarque :

-       le blocage de la mémoire enfantine : certains adultes, pour éviter de souffrir des douleurs du passé, les oublient ou deviennent insensibles. Il s’agit de parents qui, sans le savoir consciemment, des enfances grises (rien de traumatique à première vue), avec des parents très stricts, un manque de contact avec eux, etc.

-       un excès d’ethnocentrisme (adultisme). L’adulte pense qu’il est plus important que l’enfant et cette posture autoréférentielle l’empêche de se connecter à l’enfant qu’il a dans son cœur.

-       Crise de narcissisme parental. Certains parents très narcissiques considèrent que tout doit être parfait parce que eux font tout parfaitement.

Ne vous inquiétez pas si vous avez découvert en vous l’un des ces traits. Il est très difficile ne pas en porter quelques germes, et si vous avez été capable de le reconnaître, c’est le signe que vous avez encore une mémoire enfantine et celle-ci vous connectera mieux à votre enfant ».

« Según Barudy, el hecho de que cada adulto lleve su infancia en la memoria debería permitirle la empatía necesaria para identificarse con los niños y sus necesidades. Pero, debido a diversas causas, a los adultos se les olvida con rapidez que los niños tienen unas necesidades específicas […].

Entre esas causas destacan :

-       Bloqueo de la memoria infantil : algunos adultos, para evitar sufrir por los dolores del pasado, olvidan o se vuelven insensibles. Éstos serían padres que, sin saberlo conscientemente, tuvieron infancias grises (nada traumáticas a simple vista) con padres muy estrictos, falta de contacto con ellos, etcétera.

-       Un exceso de etnocentrismo (adultismo). El adulto piensa que es más importante que un niño y esa postura autoreferencial le impide conectarse con el niño que hay en su corazón. […]

-       Ataque de narcisismo paterno. Hay padres muy narcisistas que consideran que todo tiene que ser perfecto porque ellos hacen todo perfecto

No se preocupe si ha descubierto en usted alguno de estos rasgos. Es muy difícil que alguien esté libre de pequeños atisbos de alguno de ellos, y, si ha sido capaz de admitirlo, es señal que usted aún hay memoria infantil y eso le conectará mejor con su hijo » (p. 184-185).

 

Arrivé à ce stade du livre, langue pendante et œil vitreux, on a envie de demander à Rosa…

 

3. Que peut-on faire ?

 

Et c’est là qu’apparaît la terrible réalité : « NADA ». Rien. Il faut comprendre par là : pas de recette particulière, et pas de miracle : on se relève, on rassure son enfant, on le rendort, et on prend patience jusqu’à ce qu’il dorme de lui-même. Ce qui peut paraître décevant quand on cherche une recette miracle. Mais faut-il se fier aux solutions miraculeuses ?

 

L’auteure recommande de s’aider de techniques qu’elle nomme « naturalistes » (« naturalistas ») : l’allaitement à la demande y compris de nuit, et le cododo, auquel elle ne fixe pas de limite. Elle sous-entend qu’on peut le poursuivre longtemps si c’est la clef du sommeil de toute la famille, en se référant à une étude qui montre qu’à six ans, aucun enfant de tel groupe étudié ne dormait plus dans le lit parental : « La majorité ne dormait plus avec eux (les parents) entre 3 et 4 ans. Aucune de celles (les mères) qui avaient des enfants de plus de six ans ne confessait que l’enfant dormait habituellement avec eux » ( « La mayoría ya no dormía con ellos entre los 3 y 4 años. Ninguna de las que tenía hijos mayores de 6 anos confesó que el niño durmiera ahora habitualmente con ellos […]»).

Évidemment, tout le monde n’est pas prêt à partager le sommeil si longtemps, et elle propose sinon de se lever et d’aller rassurer l’enfant. Pour celles qui allaitent, contrairement à la doxa, elle recommande de mettre l’enfant au sein même s’il n’a pas faim et n’a besoin que de se calmer : « Même si ce n’est pas la faim qui le réveille (et si c’est la faim, à plus forte raison), cela l’aidera à retrouver le sommeil rapidement, et à vous aussi » (« Aunque no sea por hambre (si es por hambre aún con más razón) le ayudará a conciliar el sueño rápidamente a él y a usted »).

 

Elle propose enfin une série de douze petites mesures, que je ne vais pas détailler ici, mais qui ont toutes pour but d’aider les parents à mieux comprendre les conditions du sommeil de leur enfant, pour éliminer tous les facteurs qui le gênent et faciliter son endormissement. Le tout s’articule avec la tenue de ce qu’elle appelle un registre de sommeil, que j’ai commencé à tenir, et c’est un instrument convaincant. On a du mal à fonctionner à plus de trois jours de regard rétrospectif, mais quand on a une quinze de jours de recul sous les yeux, on constate des récurrences. Chez nous, il est apparu clairement que bébé ne faisait pas ses nuits s’il s’endormait à 20h ; il n’arrive pas à tenir jusqu’au matin d’une seule traite. Qu’à cela ne tienne, il dîne désormais avec nous et se couche après le dîner, un peu tard du coup, mais cela l’aide à mieux dormir la nuit et ses siestes sont plus régulières depuis.

 

4. Ce que j’en pense.

 

J’en pense que pour le coup, Rosa ne nous vend pas du rêve, et que passée la douche froide du « mais alors il faut que je prenne mon mal en patience ? », cela me met plutôt en confiance. Je repense aux nombreux commentaires que j’ai lu sur internet qui appellent Aude Becquart « la fée du sommeil », et je me dis que c’était peut-être trop beau pour être vrai ; ou plutôt, trop beau pour aller sans effets secondaires. Comment peut-on penser que la conduite d’un bébé change du tout au tout en quelques jours sans problème, comme par magie ? Et pourtant, je l’ai pensé…

 

Sur la dimension traumatique des méthodes de pleurs contrôlés, je ne me prononcerai pas : je n’ai aucun moyen pour établir si les troubles dont parle l’auteure sont à imputer aux problèmes d’un sommeil mal géré, ou à une myriade de facteurs. C’est évidemment une objection qu’on peut lui faire : les enfants socialement en retrait dont elle parle le sont-ils seulement parce qu’on les a laissé pleurer dans leur berceau ? Peut-être pour certains, sans doute pas pour tous, et il n’est pas possible de démêler les réseaux de causes qui peuvent avoir ce type de conséquences.

 

Néanmoins, je sais un certain nombre de choses : je sais que mon fils ne s’est jamais calmé pendant l’application du protocole ; il s’est endormi, comme nous disions à l’époque, « d’épuisement ». La description du choc émotionnel et de sa décharge d’endorphine me parle tout à fait parce que cela ressemble à ce que j’ai observé chez lui : la tempête, et une vague qui le submergeait. Je sais aussi que mon fils, en état de stress quand nous ne sommes pas allés le voir assez vite, a vomi. Je sais que le doudou n’a pas changé grand’chose à l’opération.

Par ailleurs, en toute chose, je suis pour l’application du principe de précaution. Mon fils a déjà 14 mois, et il commence à faire ses nuits de façon régulière. Ce n’est pas pour les quelques exceptions qui se produisent encore que je vais remettre en cause ce qui a été notre attitude ces derniers mois. La sagesse me semble être de persévérer dans notre démarche « naturaliste ».

 

Dernière chose, pour répondre à la remarque de Clara dans les commentaires de « Sans protocole ». La méthode d’Aude Becquart est-elle une exception parmi les tables de pleurs contrôlés ? Réponse honnête : je n’en sais rien. Toutes celles que Rosa Jové cite sont plus exigeantes, c’est-à-dire qu’elles imposent à l’enfant des temps d’attente plus longs. La dernière citée, celle de Estivill, s’en rapproche au début, mais devient vite bien plus dure. Peut-être que cela change la donne. Mais encore une fois, ce que j’ai observé du comportement de mon fils ne me donne pas envie ni de réessayer, ni de recommander cette méthode. Il était mal. Nous n’en avions pas pleinement conscience sur le coup, parce que nous étions persuadés de bien faire, et que le protocole nous recommandait de garder un regard rationnel (en faisant des sudoku pendant les temps d’attente !) ; mais je crois que c’était la version parentale du conditionnement, symétrique de celui imposé à l’enfant. Je dirais pour résumer que j’ai maintenant des doutes trop grands sur cette méthode pour pouvoir y revenir.

 

Je conclue ce billet fleuve par un petit mot de Rosa qui m’a fait sourire, dédié aux lecteurs courageux qui seront arrivés jusqu’au bout ! « Chaque bébé est unique. Ce qui fonctionne pour l’un, ne fonctionne pas même pour son frère. Ne vous fiez pas aux méthodes identiques pour tous et regardez votre enfant. Lui vous dira à chaque moment de sa vie ce dont il a besoin. Certains parents croient que les enfants naissent sans mode d’emploi. Mensonge ! ce sont eux-mêmes les modes d’emploi ! Suivez-les au pied de la lettre ».

« Cada bebé es irrepetible. Lo que funciona en uno, no funciona ni en su hermano. Desconfíe de métodos iguales para todos y mire a su hijo. Él le dirá en cada momento de su vida lo que necesita. Algunos padres aún creen que los bebés nacen sin instrucciones. ¡ Mentira ¡ Ellos son las instrucciones ¡ Sígalas al pie de la letra ». (p. 259)

Publicité
Publicité
Commentaires
N
PS : j'oubliais de vous dire que grâce à cet article (héhé) et à un bon ange qui passait par là, le livre a été traduit en français. Sa lecture intégrale peut vous être très utile.
M
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour vos articles, c'est un réel soulagement...ma fille a bientôt 8 mois, cododo et allaitement depuis sa naissance. Depuis quelques jours,l'endormissement est de plus en plus compliqué et toujours 2 à 3 réveils par nuit (parfois plus), bref comme de nombreux parents désemparés, me voilà à errer à la recherche d'une solution miracle me permettant de faire MES nuits...vos articles tombent à point nommé. Et ça me conforte dans l'idée qu'en attendant qu'elle soit prête à faire des nuits qui correspondent aux miennes, nous allons continuer nos nuits. Ce qui marchait encore le mieux. En regardant bien, c'est depuis que je l'ai laissée pleurer un soir de grand énervement, que je n'arrive plus à l'endormir. Merci beaucoup pour cette synthèse de ''Dormir sans larmes'', ça donne des arguments pour défendre une manière de faire plus douce. La pression de l'entourage est difficilement supportable. Ça fait tellement de bien de se sentir moins seule...
N
Mille excuses, je trouve seulement maintenant votre message !!! Il y a dû y avoir un bug dans le blog. A moi de vous remercier de votre retour ; je suis bien contente de ces commentaires qui vont dans le même sens, cela sera sans doute éclairant pour d'autres parents...
S
Bonjour (oui vue l'heure je peux :D). Bon eh bien je vais acheter ce livre!..Mon seul souci est de passer à côté de quelque chose... Bébé de 4 mois et demi allaité qui ne s'endort pas forcément au sein mais en étant bercé et qui se réveille en moyenne 6 fois par nuit pas toujours pour téter mais qui s'énerve très vite (10sec) et je le prends toujours (berceau collé à mon lit ou dodo à côté de moi dans le lit parental). Le souci c'est que le sein de prime abord ne le calme pas (après la crise parfois). Par exemple là il vient de se tortille alors qu'il était dans mes bras, il poussait sur ses pieds, m'arrachait les cheveux, me griffait (sans pleurer mais en respirant comme quelqu'un qui a mal), il s'est "jeté" sur le côté, signe qu'il veut aller Dans son lit, je l'y ai mis et dodo mais pas serein... J'ai essayé des traitements anti coliques dt anti rgo mais aucun résultat et c'est de pire en pire. Pédiatre à part me dire de me séparer de lui et espacer les tétées rien... On se sent bien seule au monde...allez je file l'acheter. <br /> <br /> Merci pour l'article, j'ai écris à Aude mais je ne pense pas donner suite.
G
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> Merci de votre réponse.<br /> <br /> <br /> <br /> On est en "procédure" de tests avec un allergologue. Plus tournés vers une allergie du type acariens, chats, ou moisissure, ainsi qu'une radio des végétations. Il a le nez pris depuis ses 1 mois et se frotte souvent les yeux et le nez. On va donc voir ce que ça donne.<br /> <br /> <br /> <br /> Il se touche aussi souvent les oreilles, depuis longtemps, l'allergologue m'a dit que je nettoyais trop ses oreilles avec un coton tige, ne m'a pas cru quand je lui ai dit que j'enlevais juste ce qui tombait dans le lobe, et m'a dit que le tympan était très légèrement inflammé, et le médecin elle n'a rien vu d'anormal et m'a fait comprendre que l'allergologue hallucinait... Donc je ne sais pas trop.<br /> <br /> <br /> <br /> Je sais que les réveils fréquents sont normaux (merci Dr Rosa Jové de me l'avoir confirmé), mais pas à ce point.<br /> <br /> <br /> <br /> On a RDV pour ses 9 mois à la fin du mois, je vais redemander au médecin de vérifier ses oreilles.<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour votre temps !
"Une vie à elle"
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité