Comme promis, quelques petites remarques sur les trajets en avion avec un enfant. J’ai évoqué la question dans mon billet sur Pour les voyageurs, et comme certaines lectrices s’apprêtent elles aussi à voler avec un enfant, je rassemble quelques idées sur la question. Évidemment, et comme toujours quand il s’agit de puériculture, tout est affaire de personne et d’âge : chaque enfant a ses propres réactions et son propre seuil de tolérance, donc je ne peux proposer que des pistes.
Mon fils a pris son premier long courrier pour l’île Maurice à 17 mois, avec la compagnie Corsair, mais il avait déjà une petite expérience de l’avion puisque nous étions allés deux fois en famille à Naples. Paradoxalement, certains de ces voyages en Italie, notamment un retour de Naples, m’ont semblé plus difficile que les vols long courrier…
La première chose à faire, pour préparer son vol, est d’aller voir sur la site de la compagnie aérienne quelles sont les modalités d’un vol avec un bébé. En gros, il me semble que les compagnies considèrent de manière assez uniforme comme un bébé les enfants de moins de deux ans. Les bébés n’ont pas le droit aux mêmes dérogations que les enfants. Pour savoir ce que vous pouvez enregistrer comme matériel (poussette, cosy, etc…), quelle franchise de poids dans vos bagages est accordée pour le bébé, ce qui lui sera servi à bord comme repas etc… il faut se renseigner en ligne. Attention si vous avez un enfant entre 2 et 3 ans à bien vérifier s’il compte comme bébé ou comme enfant. Attention aussi à la poussette : il est très pratique de pouvoir la garder jusqu’à la porte de l’avion. Nous avons toujours pu le faire, sauf avec notre embarquement Corsair à Orly – sur Easyjet, toujours au départ d’Orly, cela n’avait pas posé problème. Je ne sais pas si c’est la compagnie, le terminal ou l’aéroport qui décide…
Pour notre départ d’Orly, nous étions convoqués trois heures à l’avance, et nous avons respecté cette consigne. À notre arrivée, il y avait une file d’attente pour l’enregistrement à faire peur. Nous avons d’abord décidé que mon mari ferait la queue pendant que je ferai jouer mon fils hors de la foule, mais nous avons vu la crise de nerf arriver : mon fils était stressé par tout ce monde, et il était pour lui l’heure d’aller se coucher. J’ai alors demandé à une hôtesse si nous pouvions accéder à l’enregistrement de la classe supérieure, expliquant la situation, et elle a accepté sans problème. Cela nous a économisé un temps précieux : l’enregistrement a été très rapide, et nous avons pu passer à autre chose. Avec un tout petit, il ne faut pas hésiter à demander, cela ne coûte rien…
Un conseil essentiel au moment de l’enregistrement : demandez de la place. Pour ceux qui voyageront dans un Boeing 747, cela veut dire : demandez en priorité les places 10 (et sur Airbus, il doit bien y avoir des rangs qui offrent plus d’espace que d’autres, ne serait-ce que ceux situés au niveau des portes de l’appareil). Je pense que cela change tout au confort du voyage. À l’aller comme au retour, nous avons été les premiers arrivés, premiers servis, et ces places ont été une part très importante de notre confort de vol. Le rang 10 d’un Boeing 747 correspond au tout premier rang, dans le nez de l’avion ; vous avez devant vous un petit espace de deux mètre carrés à peu près, qui nous a servi de salle de jeu. J’imagine qu’il y a d’autres solutions ailleurs dans l’avion, comme à nouveau les places près des portes, mais peut-être pas en nombre infini. Or un peu de place permet de faire jouer bébé au sol, et de le poser sans avoir à sortir de sa place. Infiniment précieux.
L’île Maurice, c’est 10h40 à 11h de vol. Première règle d’or : prévoir les retards. À l’aller tout s’est bien passé ; au retour nous avons été bloqué dans l’appareil pendant 1h30 avant de pouvoir décoller, ce qui fait que, embarquement compris, nous avons passé 13h dans l’appareil. Et 13h, c’est long. Il est prudent de prévoir le pire, et notamment d’avoir avec soi un repas en plus de ce qui est normalement nécessaire, au cas où. Sur le vol Corsair, un kit repas est prévu pour bébé, avec un pot salé et une compote (marque babybio). C’est bien, et en même temps pour 13h de vol cela ne peut pas suffire (ni pour 11h d’ailleurs). Le repas de bébé a été utilisé comme déjeuner, pendant que nous mangions nos plateau en parallèle. Pour son goûter nous avons pioché dans nos collations. Mais à l’heure de son dîner nous étions toujours dans l’avion ; nous pensions donc faire manger notre fils sur nos plateaux – qui par ailleurs ne sont pas très copieux, comme on sait. Or, aucun dîner n’était prévu. Une hôtesse m’a expliqué que les compagnies n’avaient jamais la place pour stocker à bord plus de deux plateau repas par passager. Autrement dit, le déjeuner et la collation. Heureusement nous avions gardé des restes en cas de faim, et en rassemblant tout nous avons réussi à nourrir notre bébélix. Mais nous avons frôlé la catastrophe.
Une fois que la question de la faim est réglée, il reste les deux principaux problèmes : dormir et tuer le temps.
Pour ce qui est de tuer le temps, soyons claire : avec un bébé vous faites une croix sur votre film, ou votre livre. Tant que bébé est réveillé, impossible de s’absorber dans quatre chose que sa surveillance. Pour tuer le temps, il faut répartir habilement : le temps de repas, qui donne un rythme au voyage (je ne sais pas vous mais moi, j’ai toujours un appétit anormal pendant les voyages ; mon fils tient de moi) ; le temps de sieste ou de sommeil ; le temps d’activité physique (en l’occurrence : faire des longueurs dans les couloirs de l’avion) ; le temps de jeu (livres pour enfant, petits jouets, doudou et peluches indispensables, selon les goûts de l’enfant). Nous avons pris le parti d’alterner ces activités par séquences à chaque fois plutôt courtes : une demi-heure de jeu, une demi-heure de motricité-sociabilité dans l’avion ; une demi-heure de lecture ; repas ; sieste ; etc… Mon mari avait emporté son ordinateur avec des compilations de Petit Ours Brun dessus. Normalement notre fils adore, et nous devons le rationner. En l’occurrence, nous étions prêts à le laisser se rouler dans du Petit Ours Brun jusqu’à l’écoeurement, mais cette ressource a moins bien fonctionné que prévu. Il y a un bruit de fond important dans une cabine d’avion, qui empêchait de bien suivre l’histoire ; et mon fils n’a pas supporté les écouteurs, dont il n’a pas compris l’utilité. Cela étant, je recommande tout de même de prévoir des dessins animé, car la victoire sur la crise de nerf se gagne parfois au quart d’heure près, et certains quarts d’heure gagné sont plus qu’utiles.
Pour ce qui est du sommeil, je peux témoigner du fait qu’on ne dort pas avec un bébé un peu grand dans les bras sur un fauteuil d’avion. Plusieurs fois j’ai endormi mon fils au sein pour l’aider à se tranquilliser, et voulu le garder contre moi pour ne pas risquer de le réveiller. On peut tenir comme cela, mais c’est vite très inconfortable, et dormir est impossible. Là aussi, vérifier à l’avance ce que la compagnie propose comme solution – et le cas échéant, cela peut être un critère de choix. Je sais qu’Air France propose des berceaux. Sur Corsair, mon fils a eu droit à une « nacelle », soit un petit berceau qui se fixait devant nous. Là encore : vive le rang 10. Partant à Naples avec des sièges normaux, et le manque de place qu’on imagine, nous avons passé de forts mauvais moments, qui se seraient reproduits à coup sûr sans cet espace et la possibilité de fixer la nacelle. J’ai donc pu déposer bébé dans un lit prévu pour lui, et dormir pendant qu’il s’y reposait. Seul problème, les nacelles de Corsair sont petites. Mon fils, qui devait faire 82 cm à ce moment-là, était trop grand pour entrer dedans et devait tordre un peu le coup, ou garder les jambes pliées. Il a pu tenir quelques heures d’affilée dans cette position, mais jamais plus de quatre heures. À l’île Maurice, nous avons rencontré un couple venu avec leur petite fille de presque deux ans, qui pour le coup ne tenait plus du tout dans ces nacelles ; le papa n’avait pas pu dormir de tout le vol aller, parce qu’il l’avait du coup gardée dans les bras. Donc attention, avec un bébé de grand gabarit, cette solution proposée par Corsair ne fonctionne pas. J’ajoute que, pour des raisons de sécurité, bébé doit être repris dans les bras en cas de fortes turbulences ; et les turbulences n’ont aucun respect pour le rythme de sommeil des enfants.
L’idéal, pour que le voyage se passe bien, est donc que bébé puisse dormir pendant une grosse partie du trajet. J’en viens au point essentiel : il est beaucoup plus agréable et simple de voyager de nuit que de jour. À l’aller, nous décollions à 22h, pour 11h de vol, avec un atterrissage à 11h, heure locale. Certes, notre fils était très fatigué à Orly pendant les procédures d’enregistrement et embarquement, mais l’horaire l’a surtout aidé à dormir pendant une très grosse partie du vol, et ce malgré la nacelle trop petite. Le lendemain à l’arrivée, nous étions tous correctement reposés, et n’avions pas eu de problème à gérer notre bout de chou. Au retour au contraire, nous devions décoller à 9h30 (11h en réalité à cause du retard), et atterrir 11h plus tard à Paris. Ce qui voulait dire passer une « journée » à distraire bébé dans l’avion. Je m’étais préparée mentalement à une apocalypse, et je dois dire que nous nous en sommes tirés plus qu’honorablement. Il y a eu des pleurs, mais pas de crise de pleurs incontrôlable. Je ne garde pas un souvenir horrible de ce retour ; mais mon fils n’a dormi que trois heures sur les presque 13 passées à bord, et le temps a été long. À l’avenir, je ferai systématiquement attention à cette question, et privilégierai toujours des vols de nuits, quitte à éventuellement changer de compagnie aérienne – tellement ce point me semble essentiel.
Pour le change, attendez-vous à des moments sportifs : les tablettes à disposition dans les toilettes sont proportionnées à la taille du lieu, c’est-à-dire petites. Pour un bébé un peu costaud et qui bouge, ce n’est pas une partie de plaisir. Prévoyez là aussi des couches en surnombre, toujours dans l’idéal d’un éventuel retard. Le pipi qui déborde, ou pire, alors qu’on n’a plus de munition, ce doit être l’horreur (et cela a failli nous arriver). Pour éviter le scénario cacastrophe, prévoir un change est aussi une idée à retenir.
Enfin pour la sécurité de votre enfant, il faudra lui mettre au décollage et à l’atterrissage une ceinture de sécurité, fixée à la votre. Mon fils déteste l’opération, comme apparemment tous les bébés. Pour lui faire oublier cette entrave, je n’ai pas trouvé d’autre solution que l’allaitement. Par ailleurs, en phase d’atterrissage, un bébé peut avoir mal aux oreilles, et lui n’est pas capable de compenser la pression en soufflant dans son nez pincé. La solution est de le faire téter car la succion permet de compenser ; la tétine doit faire le même effet, je suppose.
D’une manière générale pendant le vol, comme en toutes circonstances d’ailleurs, l’allaitement m’a été précieux pour calmer mon fils en lui faisant retrouver un point de repère. Beaucoup d’énervements ont été désamorcés de cette manière. Pour les mamans qui allaitent, il est essentiel de penser à bien s’hydrater pendant le vol, car l’air pressurisé de la cabine nous assèche. C’est vrai aussi pour bébé, et pour tout le monde d’ailleurs. Il est facile, heureusement, de trouver à boire à bord d’un avion.
Voilà pour mes conseils. Je terminerai juste en vous disant que la logistique un peu compliquée d’un long courrier ne doit pas, selon moi, vous faire renoncer à de bons moments en famille : pour nous cela s’est finalement très bien passé, même avec un retour de jour et juste en couches. Et les souvenirs des éclats de rire de mon fils face à la mer effacent largement les quelques petits désagréments des trajets.