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"Une vie à elle"
7 septembre 2014

Adaptation d’un bébé "materné"

Dans la vie, on ne fait pas toujours ce que l’on souhaite. Idéalement, j’aurais aimé que mon fils puisse faire une adaptation en crèche bien progressive, étalée sur 15 jours comme le prévoit mon établissement – et, je crois, tous ceux de ma commune.

 

Mais parfois, on a une date de retour au travail imposée par des cadres nationaux ; et une crèche qui ouvre ses portes… le lendemain. Problème. J’ai quand même réussi à grapiller deux jours pour inscrire et adapter mon fils à la crèche, ce qui est toujours mieux que rien. Mais la première journée de crèche sans moi s’annonçait rude : 8h-18h. Pas moyen de faire autrement, même en jouant sur l’emploi du temps du papa…

 

J’appréhendais cette étape, pour mon fils, et aussi pour moi. Me séparer de mon poupon n’était pas une perspective riante, d’autant que mon souhait profond aurait été de m’en occuper moi-même jusqu’à ses six mois. Et pour lui, parce que je me demandais comment il allait réagir à mon absence, après quatre mois de proximité quasi constante. Mes craintes étaient de plus amplifiées par les commentaires de mon entourage. En gros : vu comme tu le couves, il ne va jamais supporter ton absence.

 

J’appréhendais, et en même temps, c’était l’occasion de tester le principe qui m’a guidée depuis que mon fils est né. Je suis persuadée que combler les enfants de soins et d’affection dans leurs premières semaines et mois ne les rend pas dépendants de leurs parents ; au contraire. Je pense que le mouvement naturel de l’être humain (et de tout être vivant) est de chercher l’autonomie et d’aller faire ses propres expériences. Selon moi, ceux qui ne le font pas sont précisément ceux aux besoins desquels on n’a pas correctement répondu, et qui ne sont pas armés pour voler de leurs propres ailes. À presque quatre mois mon fils était certes encore un peu petit pour cette démonstration, mais la découverte de la crèche pouvait donner une indication.

 

Il se trouve que mon fils m’a étonnée, en bien. Dès le premier jour d’adaptation, il a pris le biberon sans problème (alors que d’autres bébés préfèrent jeûner jusqu’au retour de leur mère), et, mieux, il a fait plusieurs siestes. Plus courtes que celles qu’il fait à la maison, certes, mais quand même. Je m’attendais à ce qu’il ne ferme pas l’œil de la journée, et à le retrouver complètement épuisé. Même pas.

 

Quand je suis arrivée le premier soir, il était sur un tapis d’éveil, profondément absorbé dans la contemplation d’un hochet. Les puéricultrices m’ont raconté qu’il avait eu une grosse séquence de pleurs en début d’après-midi, mais je ne pouvais pas non plus attendre de lui que la première séparation se passe sans une larme. Le second soir, je suis arrivée plus tôt, alors qu’il venait de s’endormir. La journée avait été assez calme, et le principal problème était qu’il me cherchait pour s’endormir. Il a fini par trouver le sommeil en tétant un T-Shirt que j’avais laissé, pour qu’il ait mon odeur. J’ai attendu qu’il se réveille et, sitôt sorti du sommeil, je l’ai mis au sein. Il a poussé un soupir de soulagement en commençant à téter, qui en dit quand même long sur l’effort que représente pour lui le passage à la crèche.

 

Les puéricultrices elles-mêmes m’ont dit qu’il avait bien mieux réagi que ce qu’elles avaient espéré. Quand on annonce un bébé allaité à la demande et qui s’endort au sein, on fait pâlir tout le monde d’angoisse. Je crois que cette expérience apporte, au contraire, de l’eau dans mon moulin : mon fils n’a pas eu à encaisser frustration sur frustration depuis son plus jeune âge. Du coup, il se montre peu angoissé par rapport à d’autres bébés. Peut-être qui si, par exemple, j’avais essayé de lui imposer des horaires de tétée, il aurait choisi de ne pas s’alimenter en mon absence. Mon bébé est un type formidable, c’est certain, mais je crois que les soins qu’il a reçus lui ont aussi donné une certaine capacité à affronter l’inconnu, et je ne regrette pas du tout mes choix !

 

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