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"Une vie à elle"
12 décembre 2015

L’épineuse question des écrans

 

Mon amie I., avec son œil de lynx, a bien repéré dans le billet Bébé long courrier un point épineux : la mention de dessins animés, utilisés pour faire passer le temps à mon fils pendant de longues heures de vol. D’où cette question légitime : quid de la recommandation d’éviter rigoureusement tous les écrans jusqu’à l’âge de deux ans ?

 

C’est une information qui circule, et que je n’ai d’ailleurs jamais pris le temps d’interroger : il serait néfaste pour le développement du cerveau d’exposer un enfant à des écrans, à tout âge, mais plus particulièrement entre zéro et deux ans. Neo Papa et moi étions partis dans une optique assez draconienne sur le sujet : pas d’ordinateur, pas de téléphone portable, pas de tablette, et très très peu de télévision. Dans les premiers mois de mon fils, il est arrivé qu’il s’endorme à mon sein pendant que je regardais un morceau du journal télévisé ; mais c’était exceptionnel. Nous avons pris le virage pour des raisons utilitaires : lui couper les ongles était, et demeure, une mission délicate, et comme je l’avais expliqué ici, la seule parade que nous avons trouvée était de faire diversion. Mais pour cela il me fallait Neo Papa, et en son absence, je n’avais rien trouvé d’autre que le mettre devant Youtube. Pour que la séance ait un petit intérêt, je le mettais devant une chanson en italien, en variant la chanson à chaque fois. L’idée était d’entretenir un peu le lien avec la langue italienne au passage ; nous sommes peu à peu devenu de spécialistes des Zecchino d’Oro, avec une préférence pour Il cocodrillo come fa ?, Le tagliatelle di nonna Pina, Il gatto puzzolone, et Il ramarro con tre erre.

 

Pendant longtemps, nous nous en sommes tenu à une chanson pour les deux mains, une fois tous les trois jours, ce qui me semblait raisonnable. Exceptionnellement, il nous est arrivé de le mettre devant un Petit Ours brun quand nous étions débordés de choses à faire le soir (par exemple quand nous étions en retard pour la préparation du repas). Mais depuis septembre dernier, quand mon fils a eu 16 mois, il devient demandeur. Il réclame l’ordinateur en allant se poster devant et en chouinant, et il devient difficile de le lui refuser. Pour notre départ à l’île Maurice, nous avions téléchargé plusieurs épisodes de Petit Ours brun, pour aider à tuer le temps pendant le vol. Et c’est là que tout a basculé ; non à cause de l’avion, mais à cause de la nuit qui tombait très tôt, et qui nous obligeait à trouver des activités d’intérieur pour attendre le dîner. Dans une chambre d’hôtel, dans laquelle on n’a pas pu apporter tout l’arsenal des jouets disponibles à la maison, c’est vite compliqué. Nous nous sommes donc rabattus sur Petit Ours brun, dont je trouve d’ailleurs que, hormis quelques clichés sexistes criants sur Papa Ours et Maman Ours, c’est une série valable. Au retour à la maison, le pli était pris, et difficile à faire partir… Par ailleurs, nous nous sommes rendu compte que le dessin animé avait un certain intérêt éducatif : devant Petit Ours brun va à la piscine, mon fils s’entraînait à dire « pi-ine ! pi-ine ! ».

 

Notre ligne de conduite est donc qu’il a droit à quelques minutes de Petit Ours brun avant le repas. Lorsqu’il ne le réclame pas, parce qu’il est absorbé dans ses jeux et que le repas arrive sans qu’il y ait pensé, évidemment je ne lui propose pas ; quand je sais qu’il ne reste que quelques minutes avant de passer à table, j’essaye de faire diversion. Cela évite que la séance soit réellement quotidienne. En théorie il a droit à un quart d’heure-vingt minutes, mais il arrive que la séance déborde. Nous sommes intransigeants en revanche en journée : quand il me demande l’ordinateur à un autre moment, j’explique à mon fils qu’il y a d’autres choses plus intéressantes à faire que de rester passif devant un écran.

 

Je trouve intéressant de noter que, les premiers temps, nous lui mettions des épisodes de Petit Ours brun ; mais au but d’une ou deux semaines, il devenait rapidement agité devant l’écran. Neo papa a fini par comprendre qu’il voulait en fait revoir l’épisode écoulé, plutôt qu’enchaîner sur un autre. Depuis, nous lui mettons un même épisode plusieurs fois, et manifestement il prend plaisir à repasser sur la même histoire, pour mieux l’assimiler je suppose.

 

Je suis assez satisfaite de la solution en l’état, car cela lui fait plaisir et j’ai l’impression qu’il en retire quelque chose en terme de langage. Mais j’ai quand même des scrupules sur la durée de ces séances, tout de même élevée à mon goût. Et, il faut le dire clairement : montrer un écran à un enfant, c’est entrer dans un engrenage. Un soir, j’ai pris le bus un peu tard avec mon fils pour me rendre à une cérémonie que je n’aurais manquée sous aucun prétexte. Pour faire patienter mon fils, qui commençait à pleurer fort, je lui ai montré sur mon téléphone une vidéo d’un petit garçon qu’il n’avait vu que quelques fois mais qu’il allait retrouver sur le lieu de la cérémonie. Depuis, quand il voit mon téléphone, il réclame « Paul ! Paul ! ». Si j’avais su je me serais abstenue, et j’aurais persévéré plus longtemps avec les « Ainsi font font font », quitte à déranger les autres passagers du bus !

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Commentaires
C
Alors...il va falloir voir Paul, dont la compagnie peut être autorisée sans modération !<br /> <br /> <br /> <br /> La question des écrans ne s'est pas encore posée ici : pas de smartphone, ni de tablette, encore moins de TV...pas de tentation ni d'ailleurs de possibilité pour lui de voir un écran. Il n'a jamais vu aucun dessin animé à ma connaissance, ni regardé quoi que ce soit avec nous, moins par refus de notre part que parce que ça s'est trouvé comme ça. <br /> <br /> Il n'y a guère que nos ordinateurs, qu'on allume pour travailler (il dort depuis longtemps les rares moments de temps libre qu'on passe devant pour regarder autre chose). Ils le passionnent, mais dans la mesure où un fichier texte n'est pas folichon à mater, ce qui l'intéresse avant tout, c'est d'avoir accès au clavier, sur lequel il pianote furieusement quand on lui en laisse la possibilité. <br /> <br /> <br /> <br /> Il me semble que c'est justement par facilité au départ puis par engrenage que les enfants regardent un peu, puis un peu plus, et un peu plus longtemps encore la TV au fur et à mesure qu'ils grandissent (parce qu'une séance d'un quart d'heure, ça va à 18 mois, mais que c'est trop court pour un enfant de 5-6 ans). J'ai envie de dire qu'il en va peut-être de la TV comme de l'alcool : qu'une consommation modérée est avant tout une consommation qui n'est pas quotidienne (?). Qu'on peut regarder un coup de temps en temps, mais que le caractère quotidien introduit des habitudes, des réflexes, un besoin, une dépendance. <br /> <br /> <br /> <br /> ...on verra comment je me débrouillerai avec cette épine dans quelques mois...et dans quelques années !
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