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"Une vie à elle"
11 juillet 2015

Ode à Ma Gynéco

 

Un jour, il y a très longtemps, j’ai décroché mon téléphone. J’avais établi une liste de gynécos en croisant plusieurs critères : zone géographique, secteur de tarification, que des prénoms clairement féminins. Je suis tombée sur elle. Elle est donc devenue ma gynéco. Et puis avec le temps, elle est devenue Ma gynéco. Exactement ma manière de concevoir la relation soignant-patient : peu interventionniste mais prudente dans le suivi, expliquant ses diagnostiques et m’informant à volonté sur le pourquoi du comment. Et puis les petits détails qui font que : ses rideaux et ses tenues à fleurs, Radio Classique et Côté Sud dans sa salle d’attente, son côté bavarde et rigolote. Je garde un souvenir amusé de nos longues conversations sur le bien fondé de ne pas connaître à l’avance le sexe de l’enfant à naître.

 

Pendant ma grossesse, elle est devenue Ma Gynéco. Double majuscule, un privilège rare, que je n’ai accordé qu’à Mon Dermato et à Ma Consultante en lactation. Le stade ultime de la confiance. L’histoire ne dit pas ce que serait devenue ma grossesse si je n’avais pas été suivie par elle ; mon fils ne serait peut-être pas là aujourd’hui, lui, mon rude solide gaillard. Ma Gynéco m’a tout de suite dit : « Je ne suis pas très compatissante pour les plaintes en général, mais je suis très prudente avec les femmes enceintes ». Ce qu’elle fut avec moi. A cause de symptômes anormaux, j’ai eu droit à sa ligne directe « au cas où ». J’ai eu besoin de l’appeler en urgence, et elle m’a fait de la place dans l’heure. J’ai été arrêtée dans mes premières semaines de grossesse, parce que la situation était préoccupante. Là où un autre gynéco (vu en urgence avant qu’elle ne rentre de vacances) me disait de continuer ma vie normalement parce que de toute façon il y avait une part de « sélection naturelle », elle m’a dit : « Oui mais à force de secouer le prunier, la petite prune, elle peut tomber : repos ». Les choses se sont rétablies, j’ai repris le travail, tout allait bien. Mais je savais que je pouvais l’appeler et demander un rendez-vous en urgence à n’importe quel moment. Elle m’a arrêtée tôt dans ma grossesse, avant le congé patho, ce qui m’a valu quelques remarques aigres-douces de mon entourage sur le trou de la sécu. Elle m’a toujours répondu : « Je sais ce que je fais ». J’ai d’ailleurs été rassurée d’entendre les sages-femmes de ma maternité aller dans son sens. Mais tous les médecins ne l’auraient pas fait.

 

Quand elle m’a annoncé il y a trois jours qu’elle arrêtait, j’ai accusé le coup : j’aurais vraiment voulu avoir mon deuxième bébé avec elle comme ange gardien. Je m’estime déjà chanceuse de l’avoir eu pour ma première grossesse ; avec elle j’ai pris des repères et de bonnes habitudes. Je lui ai dit que si mon bébé avait été une fille, je lui aurais bien donné Catherine dans ses seconds prénoms, par gratitude – elle était très touchée.

 

Pourquoi cette ode sur ce blog ? Parce qu’on ne le redira jamais assez : le suivi d’une grossesse, ce n’est pas que du médical, c’est aussi de l’humain (comme pour les maladies, d’ailleurs). J’ai eu cette chance là, et je souhaite à chacune d’avoir Sa Gynéco.

 

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