Petite remarque personnelle sur les poussées dentaires
C’est l’antienne qui revient dès que nous sommes en compagnie, depuis que bébé a trois mois : quand il pleure et semble inconsolable, nos amis en arrivent toujours à la même conclusion : « Il fait ses dents ».
Mon fils, comme tout bébé, a fait ses gencives d’abord, et à 6 mois, est en train de faire ses dents. La première a percé ce week-end. Or ce week-end, nous étions chez ma belle-sœur : nouveau lieu pour bébé, avec pas mal de nouvelles têtes aussi, car nous n’avions pas encore eu le temps de le présenter à toute la famille. Pour nous qui commençons à bien le connaître, nous savons que cela implique d’y aller progressivement : pas trop de nouveaux visages penchés sur lui en même temps de préférence, car sinon il est vite dépassé et se met à pleurer. Dans les faits, les gens veulent mettre la main à la pâte, ce qui est bien entendu adorable sur le principe. Mais bébé ne le voit pas forcément de cet œil. Si on ajoute là dessus le fait que les horaires sont un peu décalés, et que la première dent en profite pour se pointer, cela peut donner quelques pleurs bien nourris. Bref : ce week-end, bébé a été adorable les 95 % du temps, avec quelques passages de pleurs bien sentis.
Son père et moi avons la même philosophie : quand les pleurs deviennent trop intenses, nous nous isolons avec lui dans une pièce à part, le temps de l’endormir, de le faire jouer un peu, ou tout simplement de faire un câlin et de le calmer. Ce week-end, je pense que nous aurions pu le faire parfois un peu plus tôt. En tout cas, nous en sommes arrivés à la même conclusion : « C’est bizarre, quand il est avec nous, il ne fait pas ses dents ». Nous retrouvions en quelques instants un bébé tout calme et tout bien disposé.
Alors j’exagère un peu, bien sûr : sur le trajet du retour par exemple, il était assez évident qu’il a eu mal à un moment. Mais malgré la douleur, les stratégies de diversions marchaient assez bien : tiens, un morceau de banane à rogner ! Tiens, Sophie la girafe ! Tiens, maman qui me chante mes berceuses préférées ! Autant de petits moments de gagnés, et mis bout-à-bout, ce n’est pas si insignifiant. Bien sûr, ces diversions ne duraient que quelques minutes, le temps que la douleur se rappelle à lui. Mais tout de même : si nous l’avions laissé sans nous occuper de lui, il aurait pleuré au moins deux fois plus. Une femme qui a accouché sait que tous les moments de répit que l’on peut grappiller sont précieux, et que la gestion de la douleur est une affaire très mentale. Je ne vois pas pourquoi ce serait différent pour un bébé.
Ma mère m’avait décrit ma première poussée dentaire comme une nuit d’horreur (la seule que je leur ai fait vivre, d’après la mémoire familiale – mais peut-être que cette mémoire est un peu sélective quand même). Je suppose que chaque enfant doit avoir sa sensibilité, et que la douleur est plus ou moins intolérable selon le bébé. Je m’attendais à revivre un scénario équivalent à celui des coliques pour la première dent de fiston, voire bien pire. J’ai été au contraire surprise de constater que sa première dent était sortie, et que cela c’était finalement passé si bien. Il y avait eu quelques pleurs certes, mais pour moi rien de terrible. Et je pense qu'il a pleuré autant sinon plus par peur de la nouveauté que par douleur. Je pense que s’il n’y avait pas eu en plus la fatigue du voyage et le chamboulement de la nouveauté, cela se serait encore mieux passé.
J’aimerais bien avoir l’avis du mari de mon amie Cl. (dentiste de son état) à ce sujet : est-ce que c’est moi qui me fais des idées, ou est-ce qu’il y a effectivement moyen de faire diversion pendant les poussées dentaires ? En tout cas, je suis sûre d’une chose : un contexte calme et rassurant aide beaucoup bébé à passer l’épreuve ; a contrario, trop de nouveauté génère beaucoup des pleurs… et je crois que parfois, pour mon fils, on a invoqué les poussées dentaires alors que c’était plutôt l’arbre qui cachait la forêt…