La revue Grandir Autrement

J’ai découvert cette revue par hasard, dans un colis envoyé par Bébé au naturel. Je suis un général une mauvaise cible pour les opérations marketing, mais il s’agit là d’une exception. Le numéro en question portait notamment sur la violence éducative ordinaire, et m’avait passionnée. À la suite de cette lecture, j’avais fait une commande massive d’anciens numéros, dont les thèmes m’intéressaient : la fratrie ; le sommeil ; fêter Noël autrement ; etc…

J’ai donc un certain regard sur l’évolution de cette revue, et tout me porte à vouloir continuer à la lire. D’un design assez rudimentaire au début, elle a évolué pour devenir une très jolie revue bien mise en page et agréable à lire. Elle s’organise toujours autour d’un thème principal, avec une série d’articles faisant un bon tour d’horizon sur une question donnée ; puis une série d’articles autonomes, et de rubriques. Comme toujours dans ce type de parutions, il y a des numéros meilleurs que d’autres, mais en gros je trouve le contenu stimulant et les points de vue apportés, éclairants.

Plusieurs de ces dossiers mériteraient des billets à part entière. Je pense notamment à celui sur « La violence éducative ordinaire », qui est passionnant. Le dernier thème traité dans le numéro actuellement en kiosque s’appelle « La pédagogie Montessori ». Il me le fallait. Je l’ai acheté hier, et dévoré dans mes temps de transports. On y trouve d’abord des précisions sur ce qu’est la pédagogie Montessori, tellement en vogue de nos jours en France, et sur les objectifs que Maria Montessori assignait à l’éducation des enfants : la construction d’une société pacifique. On y trouve une réflexion sur l’application de cette pédagogie à l’école mais aussi à d’autres domaines comme la musique. Et, ce qui me paraît intéressant, le numéro ne contourne pas une réflexion sur les limites de cette pédagogie. D’abord dans les faits, le dossier pointe une réalité à garder en tête : dans les écoles Montessori qui ouvrent pratiquement comme des champignons, on peut trouver des comportements à s’arracher littéralement des cheveux. Rappelons qu’il ne suffit pas de s’afficher « Montessori » pour se prétendre meilleur éducateur que d’autres. Deuxième limite, encore plus intéressante : Grandir Autrement exprime un désaccord avec quelques points de la pédagogie Montessori, qui se trouvent recouper des doutes que j’avais aussi. L’approche globale est passionnante, mais l’application semble parfois un peu rigide : le matériel Montessori est sans doute un outil passionnant, mais parfois un peu artificiel. L’enfant semble pousser dans un monde où tout est prévu pour orienter son apprentissage ; on pourrait sans doute avoir la même approche avec des moyens parfois plus simples et plus naturels. La progression de l’enfant reste dirigée par l’adulte, qui propose les activités selon le degré de maturité qu’il suppose à l’enfant. Mais je doute que tous les enfants se développent selon le schéma prévu par Maria Montessori. On aimerait, dans tout cela, plus de droit au désordre.

Bref : pas de montessorisme bêlant dans ce dossier, et c’est très rafraîchissant. Même si je pense toujours à la possibilité de scolariser mon fils dans une école Montessori par la suite, je pense que je serai plus clairvoyante sur les limites potentielles d’une école en ayant lu ce dossier.

Il y aurait bien plus à dire sur le cas particulier de la pédagogie Montessori, bien sûr, et je ne prétends pas ici en faire le tour. Je renvoie mes lecteurs à ce dossier s’ils souhaitent poursuivre la réflexion. Mon but est surtout de recommander chaudement la revue Grandir Autrement, qui est une mine de réflexion et une grande bouffée d’air frais.

Comments

[Irène]

Je viens de commander quelques anciens numéros (en format numérique). Certains sont sûrement les mêmes que les tiens (noël sans sur-consommation, le sommeil et la non-violence sont aussi des thèmes qui m'intéressent), mais sinon, on pourra toujours se les prêter à l'occasion. Merci pour la découverte, si cela me plaît, je vais sûrement m'abonner!