Diversifions !
En bon petit soldat de l’allaitement maternel, j’étais partie pour suivre la recommandation de l’OMS : allaitement maternel exclusif pendant six mois. L’OMS, comme autorité, se pose quand même là. Jusqu’à ce qu’une pédiatre, spécialiste en allergologie, me dise que les préconisations avaient récemment changé, et qu’on s’était rendu compte que l’introduction de solides entre 4 et 6 mois prévenait les risques d’allergies.
Entre 4 et 6 : cela fait une belle marge. Chez nous, le niveau de maturité de mon fils à 4 mois comparé à ce qu’il est désormais, à 5 mois et demi, est tout de même bien différent. Ces deux mois de battement m’avaient d’emblée laissée perplexe, et la perplexité est restée : que faire ? Un peu bêtement, nous nous sommes dit que nous allions grosso modo couper la poire en deux, et nous y mettre vers 5 mois.
Je voulais aussi (surtout) tenir compte d’autres facteurs, comme la capacité de mon fils à tenir assis (ce qui n’est pas encore le cas), et son intérêt pour nos repas. De fait depuis quelques jours, non seulement il suit nos cuillères de yeux quand nous mangeons, mais encore il agrippe le bord de mon assiette, il tire sur les sets de table… Bref, on sent que le repas l’intéresse.
C’est ce critère qui m’a déterminée à « y aller », plus le fait d’avoir enfin un peu de temps libre. Les dernières semaines ont été un peu démentielles et même si nous avions décidé de passer à une alimentation diversifiée vers ses 5 mois, nous avons pris un peu de retard sur le programme, car nous ne trouvions le temps de cuisiner que tard, une fois bébé déjà couché.
Mais là, on y est. Pour commencer la diversification, je me suis armée de deux principes. Le premier, celui de la fameuse pédiatre-allergologue : introduire les aliments un par un et surtout, trois jours d’affilée. C’est-à-dire, en schématisant : courgette-courgette-courgette ; carotte-carotte-carotte ; carotte-courgette ensuite si vous voulez. Je ne sais que penser du bien fondé de ce principe d’un point de vue médical, mais je me dis que ça ne peut pas faire de mal ; et surtout, pour la maman, c’est pratique. Je cuis ma courgette une fois, et je garde tout au frais pour les deux jours qui suivent. Vu les quantités dérisoires avalées lors des premières tentatives, je ne regrette pas !
Deuxième principe : je m’inspire de la « diversification menée par l’enfant ». Le nom est un peu pompeux, je vous l’accorde. Le principe est de donner non pas des purées bien lisses, mais des morceaux entiers. Vi ! Non, je n’ai pas juré que je ne ferai rien comme tout le monde ; c’est juste que je trouve cela plus éducatif… Tout est très bien expliqué ici.
Le soir 1, j’ai donc pris mes courgettes. Pendant que j’en épluchais trois, j’ai donné la quatrième, entière, à mon fils, pour qu’il voie le légume de départ. Il était avec moi dans son transat pendant que je cuisinais et a assisté à tout le processus. Je lui ai fait cuire des tout petits bouts de courgette, sans sel ni huile, et j’ai gardé un tronçon plus gros que j’ai cuit également. Quand tout a été bien fondant, je lui ai d’abord tendu le tronçon, redevenu tiède, pour qu’il le prenne à pleines mains et le porte à la bouche. Ce qui s’est passé. Il l’a même un petit peu rogné, avant de vite… le laisser tomber par terre. Pas grave, un coup sous l’eau (je ne suis pas très maniaque), et on retente. Même manège. Je suis ensuite passée à l’écrasé de courgette. Je dis écrasé parce que je l’ai ratatinée à la fourchette, mais pas mixée. La purée n’était donc pas complètement lisse, quoique très très écrasée quand même. Pour le coup, la pédiatre n’aurait pas été contente ; mais je voulais qu’il reste un peu de texture malgré tout, pour que mon fils fasse mieux le lien avec ce qu’il venait de manipuler.
Le succès de mon écrasé a été… faible. Le premier soir, ça a fait pleurer bébé. Il faut dire qu’il était un peu tard et que ce n’était pas forcément le moment idéal pour les innovations… Le second soir, il a porté les mains à la cuillère, et avait nettement l’intention de diriger l’objet (comme je l’ai déjà vu faire avec son biberon quand son père lui en donne). Mais à nouveau, le contact de la courgette sur sa langue n’a pas eu l’air de soulever un vif enthousiasme. Je ne suis même pas sûre que le moindre morceau soit passé dans son estomac pour l’instant. Peut-être qu’il n’aime pas la courgette ?
Le premier soir, nous avons nous aussi mangé de la courgette. C’était volontaire : évidemment cela simplifie l’organisation pour la cuisinière, et puis je me suis dit aussi que de cette manière, il retrouverait sans doute le goût de l’aliment dans mon lait, et ferait peut-être le lien. Je vous rassure, je n’ai pas décidé de ne manger que de la courgette pendant trois jours ! Mais là tout de suite, nous allons faire la troisième tentative avec ce qu’il me reste de courgette cuite (à midi cette fois-ci, en espérant que ce sera plus favorable). Et je suis en train de faire cuire des champignons de Paris, dont j’ai prélevé une dîme pour bébé. Et j’espère aussi qu’il en retrouvera le goût dans mon lait, et que cela l’aidera quand il les goûtera. C’est sans doute plus logique dans ce sens là d’ailleurs !