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"Une vie à elle"
27 juillet 2015

Best of bavoir

 

La vie est faite de renoncements. En l’occurrence, après bien des désillusions, j’ai mis mon mouchoir sur mes prétentions au bon goût, et me suis rendue à l’évidence : les bavoirs les plus pratiques ne sont pas les plus beaux.

 

Tout a commencé pendant ma grossesse, au marché Saint-Pierre, dans une recherche des coupons parfaits pour la confection d’accessoires pour mon futur bébé. Rien n’était assez beau, et mon jugement implacable renvoyait dans le maelstrom des tissus brassés ceux jugés trop ordinaires. De mes blanches mains, j’ai cousu trois bavoirs petits format, dûment placés dans le sac pour la maternité. Ils n’ont jamais servi. Avant l’introduction des solides, je n’avais pas le réflexe de mettre à bébé un bavoir pour éponger les régurgitos (réguliers, il faut dire) de fin de repas. Il faut dire que, allaité à la demande, il aurait pu avoir un bavoir au cou en permanence, et mes trois réalisations n’y auraient pas suffi.

 

Avec la diversification, c’est une autre paire de manche, et l’utilité du bavoir devient évidente. Pas question de faire des concessions au style, à cette époque là : bébé allait se repeindre de nourriture avec des bavoirs chics. Mais bavera bien qui bavera le dernier… J’en avais trouvé deux jolis en tissus éponge et coton, qui ont passé leur (courte) carrière sales : au bout d’un repas ils n’étaient plus présentables, mais je n’avais pas le stock pour en changer à chaque repas. Soucieuse d’améliorer la situation, j’ai donc racheté un lot de bavoirs Bébé confort, que j’ai trouvés jolis, et qui avaient l’avantage d’être plastifiés sur l’arrière : les tâches ne pouvaient pas arriver jusqu’aux vêtements de bébé. Je faisais alors un pas décisif vers le principe de réalité. Sauf que la face extérieure, en coton, posait le même problème : sale en un repas. Je comptais en rester là, lorsqu’un jour, chez mon marchand de jouets préférés (Sucre d’orge, à Vincennes), je tombe sur un superbe bavoir plastifié de chez The arty frog. Il m’a tapé dans l’œil : d’abord parce qu’il représente un requin (la plongeuse en moi craque devant tout ce qui présente un thème marin), ensuite parce qu’il réussissait à être beau tout en étant en toile cirée. Avec en prime, un récupérateur. Ce dernier point a éveillé en moi une vague de culpabilité : il y a quelques années, voyant une amie nourrir sa fille, je me disais que le bavoir avec récupérateur c’était quand même le comble de la laideur. Pardon, pardon.

 

Je suis rentrée chez moi avec le sentiment d’avoir trouvé le Graal. Il me restait encore un pas à franchir pour la pleine acceptation du réel. Je me suis rendu compte à l’usage que le bavoir était en toile cirée, certes, mais que le biais qui en fait les bordures est lui en tissu. Le bavoir ne se lave pas en machine, toile cirée oblige. Vous me voyez en train de laver à la main les bordures après chaque repas ? Voilà : là, j’ai touché la réalité. J’en étais là de ma réflexion lorsque récemment, dans les rayons d’une grande surface, je suis tombée sur le vieux bavoir 100% plastique, jaune, avec récupérateur : celui qu’utilisait l’amie dont je me moquais autrefois in petto. Je l’ai acheté sans plus de considérations écologique ou esthétique. Je l’utilise depuis 15 jours, et le reconnais bien volontiers : c’est le bavoir de tous les bavoirs.

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